La transition énergétique offre des possibilités de carrière palpitantes

Les sources d’énergie renouvelables sont indispensables à la réalisation des objectifs climatiques. Elia, le gestionnaire du réseau belge de transport d’électricité à haute tension, en est parfaitement conscient. La production d’énergie éolienne sur terre et en mer constitue une partie de la solution. « Au cours des années à venir, nous allons construire une île énergétique qui garantira la poursuite du développement de l’énergie éolienne offshore et dotera notre pays de nouvelles liaisons internationales », souligne Geert Moerkerke (Elia).

   
Fin 2021, le Conseil des ministres a approuvé, sur proposition des ministres de l’Énergie et de la mer du Nord, l’extension du réseau modulaire offshore (Modular Offshore Grid) belge. Après l’Offshore Switchyard, la fameuse « prise électrique en mer », et Nemo Link, la liaison sous marine à haute tension entre Bruges et Richborough (Grande Bretagne), c’est une île artificielle consacrée à la production d’énergie qui sera bientôt aménagée dans la zone Princesse Élisabeth. Notre pays franchira alors une nouvelle étape dans le développement d’un réseau offshore européen intégré.
 
Quelle sera la fonction de cette île énergétique ? 

Geert Moerkerke (Offshore Operations & Maintenance Manager chez Elia) : « Les parcs éoliens offshore représentent aujourd’hui 2,1 GW de capacité installée en mer du Nord belge. D’ici 2030, la construction d’éoliennes et de parcs supplémentaires devrait nous permettre d’atteindre 5,6 GW. Or, cette augmentation de production nécessite une solution qui garantit un raccordement optimal entre tous ces parcs éoliens, ainsi qu’un acheminement efficace jusqu’à la terre ferme de l’énergie qu’ils produisent. Comparez cela à une autoroute que nous traçons et entretenons pour les producteurs d’énergie éolienne. L’île énergétique consolide en outre la position de leader de notre pays en matière d’électricité offshore. »

Comment cette île sera-t-elle réalisée?

Geert Moerkerke : « Le projet est en cours de développement. La réception de l’île, sans installations ni câbles à haute tension, est prévue courant 2026. Nous développerons ensuite l’infrastructure à haute tension. Après les tests et la mise en service finale, il sera évidemment nécessaire d’entretenir l’île. C’est crucial pour qu’elle continue à fonctionner de manière optimale en toutes circonstances et que les installations atteignent la durée de vie prévue. Dans ce domaine aussi, notre statut de pionnier nous a apporté une grande expérience. Nous assurons par exemple le bon fonctionnement et l’entretien de l’Offshore Switchyard (OSY), qui fait partie du Modular Offshore Grid (MOG). »

Les ingénieurs et techniciens doivent-ils se rendre fréquemment sur le MOG ?

Geert Moerkerke
: « Une fois par semaine en moyenne. Selon les conditions météorologiques, ils s’y rendent en bateau ou par hélicoptère. Il faut environ 60 à 75 minutes pour l’atteindre en bateau depuis Ostende. Une fois arrivés, nos collaborateurs enfilent leur équipement d’alpiniste pour monter sur l’installation. Par hélicoptère, cela va plus vite : une quinzaine de minutes. En revanche, il est impossible d’envoyer autant de personnel, de matériel et de pièces par voie aérienne. Si les conditions météorologiques sont trop mauvaises pour revenir immédiatement, les membres de notre équipe disposent de tout le confort nécessaire pour séjourner quelques heures sur le MOG. Au pire, ils peuvent même y passer la nuit – avec une vue imprenable sur la mer (il rit). »

Quels profils recherchez-vous pour ces tâches ? 

Geert Moerkerke :
« Des personnes passionnées par la technologie et la technique, désireuses d’effectuer un travail socialement responsable, qui accordent de l’importance à la durabilité et aiment l’aventure. Aucune journée de travail n’est identique à la précédente ! Et je connais peu de postes d’ingénieur qui permettent de travailler sur terre, en mer et dans le ciel… Notre service compte une quinzaine de collaborateurs : nous voulons doubler ce nombre au cours des années à venir, notamment en raison de la construction de l’île. Chez Elia, nous travaillons avec des équipes multidisciplinaires, car chacun a son propre domaine de connaissances. Nous ne recherchons pas spécifiquement des ingénieurs dotés d’une spécialité offshore particulière, car Elia assure les formations nécessaires pour travailler sur les installations en mer, y compris les formations en sécurité certifiées qui vont de pair avec cette activité. »

Le transport d’électricité de la mer vers la terre ferme entraîne des défis, notamment techniques. Quels sont-ils ? 

Geert Moerkerke :
« Cela exige énormément de collaborations et d’interactions. Ces câbles sont utiles pour acheminer l’électricité sur terre mais aussi pour échanger de l’électricité entre la Belgique et d’autres pays. Par exemple, lorsqu’il y a beaucoup de vent en Écosse ou en Irlande et moins chez nous, nous pouvons importer l’énergie éolienne produite. La mer est un animal sauvage qui ne se laisse pas dompter. Nos installations offshore sont soumises à d’immenses contraintes. Elles doivent pouvoir résister à de hautes vagues, de forts courants et des tempêtes. Par conséquent, les critères de conception des installations sont très stricts. Pour nos collaborateurs, travailler en mer représente une aventure… mais c’est plutôt un facteur qui les attire ! »

L’énergie éolienne est imprévisible. Quelles solutions envisagez vous pour stocker l’électricité ? 

Geert Moerkerke :
« Aujourd’hui, l’énergie éolienne doit être consommée dès qu’elle est produite. Le stockage d’énergie ne fera dès lors que gagner en importance dans un futur proche. En tant que gestionnaire du réseau, Elia est pleinement engagée sur cette voie, car le stockage d’énergie contribue à rendre le réseau plus stable en réduisant ou en optimisant les déséquilibres entre l’offre et la demande d’énergie. Nous ne construisons pas d’installation nous-mêmes, la production d’électricité ne relevant pas de nos activités, mais nous étudions entre autres les possibilités d’intégrer des installations qui convertissent l’énergie éolienne en hydrogène vert dans le réseau à haute tension. »

Comment voyez-vous l’énergie éolienne évoluer dans les mois et années qui viennent ?

Geert Moerkerke :
« Avec les panneaux solaires et les centrales hydroélectriques, les éoliennes comptent parmi les principales solutions pour générer de l’énergie verte. Les éoliennes offshore recèlent un potentiel considérable. En mer, il est possible de construire des installations nettement plus grandes que sur terre, le vent y est plus puissant et nous pouvons aisément utiliser ces installations pour importer et exporter de l’énergie depuis et vers d’autres pays. En 2021, les parcs éoliens en mer du Nord belge ont approvisionné près de 2 millions de ménages belges en électricité verte, un nombre appelé à doubler dans quelques années. L’énergie éolienne offshore est vouée à rester un élément de notre approvisionnement en énergie. »