"Nous devons nous assurer que tous les Belges disposent d'électricité en permanence: mon travail y contribue"

Dorien Jannis était encore à l’école primaire lorsqu’elle a entendu parler du fondateur d’une célèbre société d’électronique dans un reportage à la télévision. “Je n’étais qu’une enfant mais j’ai compris tout de suite que je voulais contribuer à construire l’avenir.” Et c’est ce qu’elle fait aujourd’hui en tant qu’ingénieure chez Elia, le gestionnaire du réseau haute tension en Belgique.

Program Manager Infrastructure”, peut-on lire sur la carte de visite de Dorien Jannis. Cette ingénieure en énergie, qui dirige chez Elia 15 chargés de projets, est responsable d’un portefeuille de projets d’infrastructure. Cela signifie qu’elle réalise des projets dans les limites d’un budget préétabli, avec le niveau de qualité voulu, dans le respect des délais et en accordant la priorité absolue à la sécurité.

La zone d’activité de Dorien Jannis est souvent le sud-est du pays, notamment les provinces de Luxembourg, Namur et Liège. “Je travaille actuellement à la rénovation et au renforcement de la boucle de l’Est. Une ligne aérienne de 24 km de longueur entre Malmedy et Brume. Nous y remplaçons plus de 100 pylônes afin de pouvoir intégrer un maximum d’énergie renouvelable au réseau.”

Elia emploie de nouveaux types de poteaux en béton haute performance. Ils occupent moins de surface au sol que les pylônes treillis métalliques traditionnels, avec leurs quatre pieds. “Je travaille aussi au renforcement d’une importante connexion entre la Belgique et la France. Ces travaux sont à l’arrêt à cause de la crise du coronavirus et du confinement, mais ils reprendront dès que nous pourrons garantir les mesures de sécurité. La construction du réseau de fibres optiques en Belgique se trouve également sur ma ‘to do list’. Ce réseau permettra entre autres d’accélérer la communication entre les postes haute tension.”

Le meilleur de soi-même

Pour Dorien, la diversité des tâches est un véritable plus. Avec son équipe, elle développe les projets qui font partie de l’agenda. Elle définit la stratégie à suivre, la met en œuvre… mais ose la remettre en question si nécessaire. Elle discute avec les pouvoirs locaux, les parties prenantes et dirige les entrepreneurs sur le chantier. “Jusqu’à la livraison et à la mise en service de la nouvelle infrastructure. Cette variété rend mon travail vraiment passionnant.”

Elle apprécie particulièrement le côté tangible de sa fonction. “Je vois mes projets évoluer du stade ‘papier’ jusqu’à leur concrétisation sur le terrain. Cela m’apporte beaucoup de satisfaction. Je considère mes responsabilités comme un défi: cela me motive à donner chaque jour le meilleur de moi-même.”

Dorien estime en outre que ses tâches ont un sens. “Mon travail a un impact direct sur la mission d’Elia qui consiste à mettre en place l’infrastructure réseau du futur. Ce que je fais est aussi utile pour le grand public: je m’assure littéralement que chaque Belge dispose tous les jours d’électricité.”

Young potential

Dorien a commencé à travailler pour Elia dès l’obtention de son diplôme voici près de 10 ans. “Je suis entrée en contact avec Elia durant ma dernière année d’université, via mon promoteur. Cela m’a offert la chance d’accéder aux données nécessaires pour réaliser mon mémoire de fin d’études. Un premier contact très positif.”

Comme elle connaissait d’autres jeunes diplômés qui travaillaient pour Elia et se montraient enthousiastes, elle a décidé de tenter sa chance. “J’ai été recrutée dans le cadre du programme Young Potential. Durant deux ans, j’ai planché plusieurs mois sur des projets dans divers départements.”

Elle a ainsi pu se familiariser rapidement avec le fonctionnement de l’entreprise tout en se constituant un solide réseau interne. “Le plus important, cependant, c’est que j’ai découvert ce qui me plaisait le plus. Je venais de décrocher mon diplôme d’ingénieur et je ne savais pas à quoi m’attendre sur le terrain. Ce programme m’a servi de boussole pour ma carrière."

Pendant ses études d’ingénieur, Dorien était l’une des rares femmes présentes dans les auditoires. Aujourd’hui encore, elle travaille essentiellement avec des hommes. Une situation qui ne l’étonne pas: “Lors de mon master, nous étions deux femmes pour quinze hommes. Mais cela ne m’a pas dérangée. J’ai toujours reçu des encouragements, que ce soit à l’université ou à la maison. Mes parents m’ont appris que l’on pouvait réussir à condition de travailler suffisamment. Et qu’il fallait faire ce qu’on aime.”

Froncements de sourcils

Elle considère la sous-représentation des femmes dans les études d’ingénieur comme une motivation supplémentaire pour prouver qu’elle est aussi compétente que ses collègues masculins. “Je suis parfaitement capable de me défendre en tant que femme ingénieure. De temps à autre, des sourcils se froncent lorsqu’une femme débarque sur un chantier, mais cela disparaît rapidement lorsqu’elle démontre ses compétences. Je suis aux premières loges pour suivre l’évolution d’un ‘monde d’hommes’ vers un meilleur équilibre hommes-femmes. Elia souhaite avoir la bonne personne à la bonne place, quels que soient son genre, son origine ethnique et son âge.”

Dorien ne croit pas aux stéréotypes sur les hommes et les femmes. “Certaines personnes prétendent que les femmes communiquent mieux que les hommes ou se montrent plus empathiques en tant que people managers. À mes yeux, ce ne sont que des clichés. Tout dépend des personnes. On compte autant de femmes que d’hommes compétents ou incompétents dans tous ces domaines!"

À quoi ressemblera l’ingénieur du futur? “Ce sera une personne qui, en plus de disposer de compétences techniques, sera très forte en communication. L’ingénieur du futur pourra diriger et motiver ses équipes et n’aura pas peur de prendre des décisions sur la base de données et informations diverses. Au cours des années à venir, j’aimerais évoluer et me développer dans ce rôle. Pour moi, le métier d’ingénieur est une véritable vocation.”

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Source: "Nous devons nous assurer que tous les Belges disposent d'électricité en permanence: mon travail y contribue" | L'Echo